Le Désastre de la maison des notables, paru en 2024 ( traduit de l’arabe par Souad Labbize ), est un roman de l’écrivaine Amira Ghenim qui s’est imposée comme une voix importante de la littérature tunisienne .

Prix de la littérature arabe 2024

Tahar Haddad est le fil conducteur au récit. Si le Désastre de la maison des notables est une fiction, Tahar Haddad est lui bien réel : cet intellectuel , syndicaliste et homme politique tunisien, a œuvré pour l’évolution de la société tunisienne et l’émancipation des femmes de son pays.

Le récit débute à Tunis par une nuit de décembre 1935. Un drame se produit qui va avoir des implications dans deux familles de notables, l’une plutôt progressiste et l’autre plus attachée aux traditions.
Roman polyphonique, onze personnes vont raconter les événements de cette nuit à l’éclairage de leurs vécus respectifs.
Roman en mouvement, ces onze personnes vont s’exprimer sur ce drame à différents moments du 20ème siècle. Ce procédé permet à Amira Ghenim de brosser l’évolution politique et sociale de la Tunisie du début du siècle jusqu’aux lendemains du printemps arabe.

La force des personnages et la richesse de l’écriture rendent la lecture de ce livre jubilatoire et passionnante. Le style est vivant, parfois poétique, avec des descriptions saisissantes. Au fil des pages et des différents récits, le lecteur tente de découvrir ce qui s’est réellement passé . La petite histoire familiale se mêle à la grande Histoire du pays.

Le drame de la maison des notables a une résonance très actuelle : il parle de la perte des repères, des illusions brisées, mais aussi d’une forme de résistance intime.
Et surtout, c’est un formidable hommage aux femmes tunisiennes et à Tahar Haddad qui a milité pour leurs droits.

Deux autres coups de cœurs :

Le châle de Zeineb de Leïla Hamoutene
Le Tarbouche de Robert Solé